« Le défi le plus important est de faire comprendre qu’un engagement syndical est un engagement positif, pour faire avancer les sujets et pas pour bloquer. Bref, qu’on est là pour bosser et faire bouger les choses, pas pour se protéger. »
Interview de Valérie Dossin, déléguée syndicale centrale adjoint de la CFE-CGC Michelin dans ECHOCHIM de juillet 2024.
Votre engagement en 10 questions :
1/ Pour quelles raisons vous êtes-vous orientés vers le syndicalisme ?
J’arrivais à une étape de ma vie et de ma carrière où je voulais m’engager concrètement et activement dans la vie sociale. Je ne voulais pas devenir une personne aigrie qui ronchonne dans son coin parce que tout va mal et que c’était mieux avant. Je voulais agir dans mon entreprise sur ce qui me déplaisait et mettre à profit mes compétences.
2/ Vous avez choisi de rejoindre la CFE CGC, quels sont les points forts qui vous ont séduits ?
Je suis venue à la CFE-CGC pour les personnes qui en font partie chez Michelin mais aussi pour les prises de position nationales, notamment celles de François Hommeril. J’ai senti que ce syndicat me ressemblait et correspondait à mes valeurs personnelles.
3/ Quels sont les principaux enjeux auxquels les salariés font face aujourd’hui ? Quelles actions menez-vous pour les résoudre ?
En premier lieu la rémunération mais aussi la formation continue, la flexibilité du travail et la possibilité de progresser dans sa carrière. Mais de plus en plus, chez Michelin, pour les cadres seniors, l’enjeu est de garder son emploi, de ne pas se faire mettre au placard puis pousser vers la porte de façon plus ou moins consentie. Et pour les salariés de l’industrie, dans certains sites, l’enjeu est la survie de l’usine. Notre action est d’analyser ce que fait l’entreprise, de proposer des solutions argumentées et factuelles, de les négocier autant que nous le pouvons et parfois d’accompagner ceux qui partent.
4/ Quel est votre rôle au sein du syndicat et quelles sont vos responsabilités principales ?
Je suis Déléguée Syndicale Central Adjoint. Je m’occupe de la communication de notre section Michelin : rédiger la stratégie de communication, choisir les axes de communication, écrire des articles pour Internet, les médias sociaux, notre lettre d’information mensuelle, suivre l’impact de nos actions, parler avec les journalistes et accompagner des salariés en difficulté. Un rôle passionnant car très varié et qui me met en relation avec les élus, les militants, les salariés, les autres entreprises…
5/ Comment l’action syndicale peut ou pourrait influencer des choix de société ?
L’action syndicale est clé car elle influe sur le monde en influant sur les façons de travailler et de gagner sa vie et en participant aux débats sur les politiques économiques et sociales.
6/ Quels ont été les défis les plus importants que vous avez rencontrés en tant que syndicaliste, et comment les avez-vous surmontés ?
Le défi le plus important est de faire comprendre qu’un engagement syndical est un engagement positif, pour faire avancer les sujets et pas pour bloquer. Bref, qu’on est là pour bosser et faire bouger les choses, pas pour se protéger.
7/ Comment percevez-vous l’évolution du mouvement syndical dans les années à venir ?
J’espère que le mouvement syndical pourra rassembler au moment où les politiques divisent. Les syndicats peuvent devenir une force précieuse car ils sont en prise avec le monde, le vrai, pas celui des politiques en chambre. Ils peuvent aider ceux qui décident à prendre des décisions basées sur des faits et non des convictions intimes.
8/ Quels sont les changements que vous aimeriez voir dans le monde du travail, et comment votre syndicat vous fournit des moyens pour les réaliser ?
J’aimerais que le monde du travail offre plus de flexibilité : semaine de 4 jours, travail partagé, télétravail… tous ces sujets sont sur le tapis dans les négociations avec nos entreprises et devraient nous permettre d’offrir un monde du travail plus en lien avec la réalité des femmes et des hommes aujourd’hui.
9/ Comment voyez-vous l’engagement syndical évoluer dans les 5-10 ans ?
Nous avons dans notre section plus de demandes d’adhésion. Est-ce le signe que les salariés voient les syndicats comme un rempart ? ou qu’ils sont prêts à plus s’engager ? au moment où ils se désintéressent de la politique ?
10/ Enfin, quels sont vos arguments face aux jeunes recrutés dans l’entreprise pour leur donner l’envie de rejoindre l’action syndicale sous les couleurs de la CFE CGC ?
Je leur dirai : « Tu veux faire bouger l’entreprise ? tu en as assez d’être un pion ? Rejoins-nous. A la CFE-GCG, on est piquants mais factuels, on est incisifs mais pertinents, on se bat sur les bons sujets mais on sait ouvrir le dialogue et surtout, surtout on est sympa ! »