Le couperet est tombé.
« Il n’y a plus de volumes : on ferme. Ce n’est pas notre faute, c’est la Chine, c’est l’Europe et l’environnement (à force de vouloir chasser les voitures des villes, il n’y en a plus du tout) ; ce sont les coûts en France qui sont trop élevés. »
Ce raisonnement est en partie vrai, mais il doit être contré, et nous avons commencé à le faire, avec des chiffres, avec des faits, fidèles que nous sommes aux valeurs qu’on nous a inculquées depuis tout petit (« respect des faits »).
Il occulte en fait une stratégie erronée et mal conduite, et un effort insuffisant de productivité et un manque de vision.
Je suis en colère, vis à vis de l’entreprise qui a considéré que c’était inéluctable et qui a, au fil des années, louvoyé. Mais aussi colère vis à vis des autres organisation syndicales (OS) qui n’ont pas compris, senti et voulu agir avant alors que, dès la fermeture de La Roche-sur-Yon, tout ce qui arrive était écrit. Mais aussi colère vis à vis de nous-mêmes, avons-nous toujours fait le maximum, trouver les bonnes alliances, su convaincre … ?
Après le temps de la colère, vient le temps de l’action. Maintenant se pose la question des objectifs et des leviers de la négociation qui va s’ouvrir.
Le point clé est de rester unis jusqu’au bout. Seul le PSE doit compter aux yeux de tous et pas les rivalités politiques.
Pour la CFE-CGC, les priorités à cibler sont :
– Améliorer les conditions du PSE proposé
-Préserver les autres sites menacés restant, notamment Golbey, Troyes, Le Puy, Montceau
-Contractualiser le partage de la valeur, actionnaires, salariés
-Avoir des garanties sur les nouveaux domaines et leur implantation en France
-Pousser et aider l’entreprise à s’exprimer pour réclamer des barrières douanières, avec le soutien de notre Confédération Nationale
La question des leviers est compliquée. Faut-il agir sur le gouvernement, nos dirigeants, les consommateurs, les salariés ?
Nous avons 3 axes d’action :
1) La contestation du PSE pour le retarder… mais la pression des employés va être forte, après la phase de colère, ils vont vouloir se projeter. C’est un des dilemmes que nous allons vivre. Autre dilemme : se battre pour tous les salariés alors que la plupart ne sont pas représentés par nous.
2) Le questionnement de la compétence des dirigeants quant à leurs choix stratégiques et surtout la façons de les déployer en utilisant le « P » de « People » comme variable d’ajustement
3) Le chalenge de la stratégie : y voir clair sur la part des nouveaux « relais de croissance » en demandant la publication des résultats qui distinguent les différents domaines.
Il faut redéfinir une stratégie qui protège les volumes !
· Modération pour les actionnaires : stop aux rachats d’actions ; cible RO 10% ; cible de delta prix avec nos autres concurrents maxi 10%
· Modération pour les employés à négocier
· Répartition des bénéfices 1/4 actionnaires -1/4 employés – 1/2 réinvestis dans l’entreprise.
Ça, ce serait un vrai « capitalisme social » et équilibré.
Les résultats actuels de l’entreprise sont décevants au regard de son passé. Pourquoi n’a-t-elle pas su innover et s’adapter ? Pourquoi n’a-t-elle pas anticipé les défis actuels ? Où sont les dirigeants capables de défendre l’entreprise et ses salariés ? Le manque de cohérence et de dialogue social inquiète. Quel avenir pour une entreprise qui ne sait pas s’adapter ?
José Tarantini, Délégué Syndical Central CFE-CGC