La CFE-CGC monte au créneau face à l’incertitude qui plane sur l’avenir des sites français du groupe. Dans un contexte de restructurations annoncées, vos élus dénoncent le manque de transparence de la direction et réclament un plan stratégique clair et ambitieux pour préserver l’emploi en France.
« Le mutisme de l’employeur génère un sentiment d’angoisse et une incapacité à se projeter », alerte le Délégué Syndical Central José Tarantini. Les restructurations à bas bruit se multiplient depuis plusieurs années et des délocalisations massives sont probables.
Pour faire face à cette situation, la CFE-CGC propose de :
La CFE-CGC jouera pleinement son rôle de force de proposition et d’équilibre entre la nécessaire création de valeur et la protection des salariés.
Retrouvez ici l’intégralité de l’article de José Tarantini.
La CFE-CGC est partie intégrante de l’intersyndicale réunissant SUD, la CGT, et FO. Cette intersyndicale a réussi à obtenir une expertise claire de la situation de 3 sites (Vannes, Cholet, Tours) et va maintenant interpeler Le Président Ménégaux.
Le présent inquiète mais presque moins que le mutisme de l’employeur qui n’apporte aucune perspective d’avenir pour ces sites et génère un sentiment de culpabilité et d’angoisse, et une incapacité à se projeter.
Suite à la présentation des résultats de l’expertise, les réponses attendues concernent le plan stratégique du Groupe, en particulier en France, quelles baisses de volumes sont prévues, quels sites sont en danger.
Avec courage et hauteur de vue, la CFE-CGC défend toutes les catégories de salariés. Rappelons une fois de plus le rendez-vous manqué de la GEPP l’an dernier ; nous avions posé les bonnes questions stratégiques relevant d’une problématique globale. Malheureusement l’accord a été conclu sans réponses. Il est temps d’écouter ceux qui y voient clair.
Il faut « douter », nous a-t-on dit…
C’est fait !
Maintenant, au-delà du doute, l’heure est à l’anticipation, au réalisme, à la transparence et aux propositions concrètes.
De brillants économistes proposent divers plans pour sortir de la crise sans tuer la croissance. Une condition attire notre attention : la franchise : « Plus la vision qui sous-tend les projets et les engagements du gouvernement est claire, plus grandes sont les chances que le programme soit perçu comme crédible et que la France ne soit pas pénalisée. » (Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI).
Mais, pour cela, il faut arrêter de jouer au chat et à la souris et tout exposer. Dès le début.
Pour aborder les « restructurations » dont Le Président Ménégaux nous annonce en permanence l’inéluctabilité, 5 thèmes sont à envisager, qui seront développés dans les mois à venir :
1) le maintien d’activités en France, autrement dit ne pas s’avouer vaincus ;
2) le traitement social des personnes qui risquent de perdre leur emploi ;
3) la révision de l’accord de GEPP, avec une vraie visibilité donnée aux salariés ;
4) le traitement de ceux qui restent (conditions de travail, rémunérations, avantages sociaux, frais de déplacements)
5) un dialogue social sincère i.e. le respect des représentants du personnel, de la loi et des accords signés.
Croire que les restructurations à venir ne vont concerner que les sites industriels serait erroné ; d’ailleurs nous assistons depuis plusieurs années à des « restructurations à bas bruit » comme nous les avons surnommées à la CFE-CGC, chaque fois que l’employeur nous présente un projet de transfert d’activité vers l’est, ou une modification de l’organisation de tel ou tel service avec, à la clé, des suppressions de postes. Tout cela mis bout à bout, ce sont des centaines voire des milliers d’emplois qui disparaissent de France. Clermont-Ferrand n’a pas d’avenir sans des usines en France car les équipes centrales deviendraient hors sol. Au-delà, avec un barycentre des profits en Amérique du Nord, Michelin resterait-il en France ? Regardons du côté de Total qui se déplace tout doucement… Si le CIR est supprimé le danger grandit.
(Rappelons que Florent Menegaux a clairement évoqué le CIR lors de son audition devant la Commission économique de l’Assemblée Nationale : les crédits d’impôts recherche ont permis à la France de revenir dans « la moyenne » des coûts de recherche et que si ces crédits étaient révisés à la baisse, cela pourrait remettre en cause la recherche en France. Il cite également la somme de 1,2 milliards de dépenses de Michelin pour la recherche.)
Le Groupe doit tenir un discours de sincérité avec ses partenaires internes et externes.
Avec ses salariés, au-delà de la « narrative », le cap doit concrètement être fixé dans un avenir où ILS ONT CLAIREMENT LEUR PLACE.
La stratégie de diversification devrait être un plus, pas « à la place de ».
La communication du Groupe (baisses de volumes et de chiffre d’affaires, restructurations, …) tend à rendre les fermetures de sites ou d’activités presque inéluctables, et que la responsabilité du Top Management ne sera pas engagée.
La CFE-CGC met en garde la Direction du Groupe quant à la tentation éventuelle de restructurer sans négocier (techniquement toute entreprise peut se mettre d’accord juste avec l’Inspection du Travail).
Cela aurait de très lourdes répercussions, au-delà de l’entreprise, sur le plan national.
Nos instances nationales nous aident fort heureusement sur ce point.
Tous les pays réclament le « local-to-local ». Investir en Asie ou au Mexique est indispensable car il faut être présent là où est la croissance de besoins.
En Europe, la croissance est moindre, en particulier dans le secteur automobile. Des relais de croissance autres sont à trouver ; c’est la responsabilité du Top Management du Groupe, comme composante du « Care ».
La stratégie de diversification est aussi une bonne chose pour se désensibiliser du transport, mais pas au détriment du pneu.
Il est rare que la CFE-CGC s’autorise une critique de la stratégie du Groupe mais l’urgence de la situation nous oblige à reconnaitre que trop vouloir payer les actionnaires et se diversifier au détriment du pneu peut être une erreur stratégique.
Le point clé c’est d’abord trouver des marchés, s’introduire sur d’autres marchés, chercher les volumes additionnels et pas les économies (certes nécessaires mais dans un 2ème temps).
Par exemple, à Vannes, pourquoi pas ne pas élargir la capabilité du site vers d’autres types de câbles pour le maritime, les bandes transporteuses, les téléphériques, … En dehors des pneus, nous avons des marchés en croissance, les chenilles Camso n’ont pas de base industrielle en Europe ; pourquoi pas reconvertir Cholet vers la fabrication de ces produits à haute valeur ajoutée ? Et de le faire avec l’aide du gouvernement, et les dernières technologies pour viser des niveaux de coûts assurant à la fois profitabilité et pérennité.
Le dialogue social chez Michelin est à la peine. Le Groupe déroule sa feuille de route, sans doute mal informé par ses représentants français quant à la détresse de beaucoup de salariés et à la grand inquiétude suscitée par le déploiement de sa nouvelle stratégie. L’heure est à la transparence et aux explications claires de là où l’on va et comment y aller.
Les organisations syndicales responsables et courageuses de l’intersyndicale doivent être entendues et respectées.
Il en va de notre succès collectif : dire pour convaincre ; convaincre pour engager.
La CFE-CGC jouera pleinement son rôle de force de proposition et d’équilibre entre la nécessaire création de valeur et la protection des salariés.