RSE : levier ou « greenwashing » ?

LA RSE, un vrai levier pour faire progresser l’environnement dans l’entreprise ou un vecteur de communication « greenwashing » ? par Patrice ROTA, responsable du pôle RSE CFE-CGC

Avant tout une définition de la RSE :

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) également appelée responsabilité sociale des entreprises est définie par la commission européenne comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes.

En d’autres termes, la RSE c’est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.

Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable.

Pourquoi la RSE ?

L’impact des activités humaines sur notre climat, est désormais considéré comme catastrophique pour notre environnement. Les derniers rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en Anglais IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) nous alertent sur l’urgence d’actions de toutes et tous afin de faire baisser drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.  Ces derniers ayant un lourd impact sur le réchauffement de notre climat, en augmentant fortement le nombre de particules fines dans l’atmosphère. Le CO2 ou équivalent CO2 est mesuré en ppm (partie par million). On utilise cette unité de mesure pour calculer le taux de pollution dans l’air. Cela correspond au nombre de molécules du gaz considéré par million de molécules d’air. Cette mesure qui n’avait jamais dépassé les 300 ppm sur ces 800 000 dernières années, est passée à plus de 420 ppm en moins de 150 ans.

Qu’en est-il des entreprises et du groupe Michelin :

Les entreprises ont préempté un domaine relativement délaissé par les politiques.  Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon note que de véritables avancées ont eu lieux dans les entreprises. (art « Le Monde » RSE greenwashing du 22/10/2021).

On retrouve dans ces entreprises des collaborateurs militants voire engagés, y/c au travers de votre organisation syndicale la CFE CGC Michelin ou un pôle RSE actif existe depuis plus de 3 ans (contact Patrice Rota)

Il est vrai que la plupart des entreprises cherchent à faire entendre sa voix dans la pléthore de communications qui tourne autour de l’environnement. En France certaines entreprise, dont la plupart de celles du CAC40, s’astreignent au DEU (document d’enregistrement universel), dont l’un des chapitres a trait aux données extra-financières qui couvrent la RSE. 

Par ailleurs les entreprises doivent rester attractives auprès des jeunes (et des moins jeunes) générations pour lesquels la conscience environnementale est un enjeu majeur. Une entreprise qui n’aurait pas des actions significatives sur son empreinte environnementale, voire qui serait dans une démarche de « greenwashing », serait immédiatement montrée du doigts et « blacklistée » par bon nombre de candidats.

Dans certaines sociétés, on a même pu noter des démissions de personnes en charge de la RSE, car n’étant plus en accord avec les orientations de l’entreprise et également d’autres salariés.

Le suivi de l’impact environnemental d’une entreprise est fait généralement au travers de 3 périmètres ou scopes.

Scope 1 :  émissions issues des sources fixes ou mobiles appartenant à la Société ou sous sa maîtrise opérationnelle se sont donc les émissions directes de gaz à effet de serre

Ex : les émissions liées à un chauffage au gaz dans un bureau ou une usine, les émissions liées à la combustion de carburant des véhicules de services détenus par l’entreprise …

Scope 2 : ‍émissions issues des installations générant l’énergie achetée et consommée par l’entreprise (électricité, vapeur…) se sont les émissions indirectes liées à l’énergie

Ex :  les émissions liées à l’électricité, qui n’émet pas directement sur le lieu de travail mais au moment de sa production, la combustion d’une centrale à gaz par exemple …

Scope 3 : émissions générées comme conséquence des activités de l’entreprise mais issues des sources qui ne sont ni la propriété du Groupe, ni sous sa maîtrise opérationnelle.

Ex : les achats de marchandises et matières premières, les achats de services (administratifs, numériques, etc), les déplacements domicile-travail, l’utilisation des produits ou services vendus …

Ces 3 scopes sont catégorisés en 22 sous catégories, chacune propre à chacun des scopes :


Source : https://www.sami.eco/blog/scopes-1-2-3

Qu’en est-il du Groupe Michelin.

Michelin a mis en place une politique plutôt volontaire en affichant clairement le « P » de planète dans ses orientations stratégiques.

Pour suivre cette performance l’entreprise à mise en place des indicateurs, certifications nous permettant de mesurer de façon objective nos progrès.

Avec en tout premier lieu l’indicateur i-MEP (industrial – Michelin Environmental Performance), ce dernier a été mis en place en 2021 en remplacement du MEF, afin de moderniser ce dernier. On pourra regretter de ne plus avoir la même profondeur d’historique, en effet le MEF nous accompagnait depuis 2005.

L’I-MEP est composé de la façon suivante :

L’année de référence de l’I-MEP est 2019, et affiche une base 100, la façon de le calculer est la suivante :

L’objectif du groupe Michelin est d’atteindre un I-MEP de 67 en 2030. Le résultat à date est le suivant :

(Sources DEU Gr Michelin 2021)

Par ailleurs différents organismes évaluent le groupe dans son approche « tout durable »

En lien avec les scopes 2 & 3 le groupe Michelin a confié à la société ECOVADIS la mission d’évaluer ses fournisseurs :

Selon les catégories d’achats

▶ environ 65 % des achats du Groupe sont certifiés RSE ECOVADIS

▶ environ 95 % des achats de caoutchouc naturel sont certifiés RSE ECOVADIS

▶ environ 95 % des achats des matières premières hors caoutchouc naturel sont certifiés RSE ECOVADIS

(Sources DEU Gr Michelin 2021)

Le groupe vise à « 0 » émission de CO2, pour les scopes 1 & 2 de ses activités en 2050 (qui ne représentent qu’une faible partie du total des 3 scopes).  Cet objectif est-il suffisant au regard des enjeux environnementaux colossaux que nous avons décrit. A la CFE CGC Michelin nous pensons que nous devons être plus ambitieux que les seuls engagements politiques à 2050.

Nos clients utilisateurs, consommateurs, B2B … nous demandent et nous demanderont de plus en plus d’être exemplaire sur les aspects environnementaux, et nous sommes persuadés également à la CFE CGC que cela sera un fort facteur d’attractivité de talents si nous savons nous illustrer sur ces sujets. L’inverse étant une sanction donnée par nos clients en évitant nos produits et de perdre notre attractivité en termes de recrutement

Le saviez-vous ?

Grâce à la longévité de ses pneus en nombre de kilomètres parcourus, les pneus Michelin sont champions toutes catégories en nombre de gramme de gomme consommé pour 1000 Km.

2 réponses à “RSE : levier ou « greenwashing » ?”

  1. Bruno63300 dit :

    Un article de fonds très détaillé et documenté ce qui le rend passionnant sur un sujet qui ne peut laisser personne insensible. Hâte de voir la suite de ce que Michelin va faire dans ce domaine.

  2. Ackermann dit :

    Super article, très intéressant. J’espère que nous aurons de plus en plus d’informations sur ce sujet et que nous y allons travailler TOUS ensemble pour parvenir à des résultats rapidement

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