2022 : un résultat net historique à partager équitablement

Michelin annonce un résultat net historique, avec une redistribution inéquitable des bénéfices. La CFE-CGC demande à Michelin de traiter de manière uniforme salariés et actionnaires. Astuce : simulez votre rémunération variable en fin d’article !

En synthèse, les 4 points à retenir de la publication des résultats 2022.

1- Un résultat net historique :

Le Groupe a réalisé le résultat net le plus élevé de toute son histoire. Il bat ainsi son record de 2021 et franchit la barre des 2 milliards d’€.

2- Un résultat obtenu essentiellement par hausse des prix :

La progression des ventes de 20% est essentiellement dû à l’effet prix (le pricing-power : la capacité du Groupe à répercuter ses hausses de coût dans ses prix), pour 12,8% et à un effet devises positif (+6,2%). Les ventes générées par les activités hors pneu n’ont contribué que très marginalement à la progression des ventes. Le moteur de la diversification peine à se mettre en route.

Le Groupe a, comme d’habitude, privilégié sa rentabilité à sa croissance. Cette stratégie de spécialisation sur les segments à forte valeur satisfait les actionnaires mais jusqu’à quand le Groupe pourra-t-il ainsi passer des hausses de prix sans sortir du marché ?

3- Des résultats Planète encourageants :

Le Groupe annonce un recul de 17% de ses émissions sur les scopes 1 et 2 sur lesquels il peut avoir une action directe. Cela traduit un vrai effort dans la volonté de maîtriser ses émissions. Le Groupe revalorise aussi la tonne de CO2 émise à la hausse à 120 € dans le chiffrage de ses externalités. Toutefois, on ne doit pas oublier que c’est sur le Scope 3 que le Groupe génère le plus de rejets de CO2.

4- Un partage des résultats inéquitable :

L’entreprise communique sur la valeur ajoutée dont les salariés seraient largement bénéficiaires.
C’est une vision partielle car elle occulte la dynamique entre rémunération du travail et rémunération du capital. Or, cette dynamique penche clairement en faveur des actionnaires.
En effet, les frais de personnel qui incluent l’ensemble des coûts du personnel, dont la rémunération variable, sont restés remarquablement stables (hors année Covid) autour de 27% des ventes depuis 2014. Sous l’effet de différents facteurs, ils sont même passés sous la barre des 25% en 2022. Dans le même temps, le dividende par action a doublé (2,50 € à 5,00 €) et le cours de l’action a progressé de plus de 60%. Seule la Covid a freiné pour un temps cette dynamique.

Le cas de la France est particulièrement problématique pour 2023. En 2022, rémunérations variables et dividende étaient orientés dans le même sens, à savoir à la hausse : rien à dire. Actionnaires et salariés bénéficiaient des très bons résultats 2021. En 2023, dans un contexte de résultat net 2022 historique, le dividende va augmenter de plus de 11% tandis que les rémunérations variables vont nettement baisser. Même en tenant compte du fait qu’on part d’un point très haut sur les rémunérations variables en 2022, cette différence de traitement entre actionnaires et salariés n’est plus acceptable. Si les résultats sont bons – et c’est le cas cette année – toutes les parties prenantes doivent en profiter. S’ils sont mauvais, toutes les parties prenantes doivent en subir les conséquences. Il est vain et coûteux d’investir dans des programmes comme Icare ou rêver à 2050 si le partage des résultats est perçu comme inéquitable par les salariés.

Il y a un équilibre à trouver et pour la CFE-CGC, on n’y est pas. Si le Groupe veut inspirer à terme la Société, qu’il commence déjà par traiter de manière uniforme salariés et actionnaires.


Dominique Bourgois, DS le 13 février 2023.

Votre simulateur de rémunération variable à télécharger
 

6 réponses à “2022 : un résultat net historique à partager équitablement”

  1. bill dit :

    dans sa video de communication actuellement, la direction dit que seulement 7% sont redistribués en dividendes, le reste bénéficiant aux salaires, primes et bonus…
    tout cela ponctué du désormais célèbre « c’est très clair » par l’animatrice de l’interview, avec « en toute transparence » comme conclusion.

    il semble qu’il y a différentes grilles de lectures non?

  2. Michel dit :

    Aujourd’hui est sortie un bilan final.
    Ce bilan corrige les informations données le 13 au soir (mail au personnel + communiqué de presse).
    Il apporte surtout la correction du ROS en baisse à 3212 M€ contre 3396 M€ annoncé dans les résultats.
    Cela impacte fortement la rémunération variable de chacun à la baisse !
    Yves Chapot dans la vidéo publiée en même temps que les résultats dit bien 3,4 M€…
    Comment une telle erreur peut-être possible à ce niveau de responsabilité ?

    • Laure TRINCAL dit :

      Bonjour Michel,
      dans l’article CFE-CGC Michelin ainsi que dans le simulateur que nous avons partagé, les chiffres sont bien de 3212M€ depuis le 13 au soir.
      Nous vous informons au plus juste et nous comprenons votre mécontentement relatif à la vidéo citée…
      L’info juste, c’est sur CFE-CGC Michelin 😉

  3. Stock63 dit :

    Pour avoir un ordre de comparaison, serait-il possible de réaliser un graphique de la répartition des bénéfices de l’entreprise:
    Quel pourcentage dédiée aux actionnaires ?
    Quel pourcentage pour les salariés ?
    Quel part pour l’investissement ?
    Avec un suivi annuel, on pourrait avoir une meilleure visibilité des tendances.

    • Valérie DOSSIN dit :

      Dans sa communication financière, l’entreprise communique déjà sur le taux de distribution qui correspond à la part du bénéfice reversée aux actionnaires sous la forme de dividendes.
      Cette part est de 44% pour 2021 et 2022, avec un objectif de 50% à horizon 2030. Ces données sont disponibles sur 5 ans dans le rapport de gestion (voir p°36 du document Guide des Comptes 2022, téléchargeable sur Michelin.com, rubrique résultats 2022). Mais ce ratio n’intègre pas les rachats d’action (120 M€ en 2022) qui sont aussi des versements aux actionnaires.
      Concernant la part dévolue aux salariés, le meilleur indicateur est le montant des frais de personnel qui inclut l’ensemble des éléments de rémunération, y compris les bonus.
      Enfin, pour les investissements, ils sont stables autour de 1,8 milliard d’€ et on peut retrouver ces informations dans le document universel d’enregistrement (DEU) annuel qui paraît généralement mi-avril, téléchargeable sur le site Michelin.com et qui regroupe beaucoup de données financières et non financières.

  4. Val dit :

    Un très bon article permettant de voir les résultats de notre groupe , nous y avons tous contribué nous souhaitons tous en avoir les fruits meme si on n’est pas actionnaire

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