NAO salaires : quelle co-construction ?

La CFE-CGC remonte depuis plusieurs semaines le contexte social inflammable auprès des Relations Sociales et nous avons appelé à plusieurs reprises à la négociation plutôt qu’au blocage des usines. L’entreprise elle-même a assuré vouloir prendre en compte la forte inflation et vouloir co-construire une proposition salariale adaptée lors des discussions préalables.


La CFE-CGC a émis des premières revendications salariales argumentées en août 2021 et les a révisées et publiées tout début janvier avec :

  • Une augmentation générale de 3,5% pour l’ensemble des salariés pour répondre à l’inflation,
  • Des budgets d’augmentations individuelles récompensant la performance pour ceux qui sont déjà à la médiane,
  • Une revalorisation générale en production, sur les primes et les pesées de postes,
  • Des avancées supplémentaires sur les benefits.

L’entreprise n’a pas répondu à nos demandes ni à nos arguments. Elle s’est bornée à dérouler une proposition déjà prête et présentée comme favorable aux bas salaires.

L’avantage donné aux agents se traduit par une économie pour l’entreprise, avec un budget d’augmentation de 19 millions d’€ environ, largement inférieur aux budgets 2019 et 2020, alors même que Michelin va annoncer des résultats historiques, grâce à notre travail, et que le montant des dividendes aux actionnaires devrait doubler. Il dépasserait 800 millions d’euros.

Dans une démarche constructive, la CFE- CGC a révisé sa proposition, portant le budget global de révision salariale demandé à 22,6 millions d’euros hors charges, soit l’équivalent de ceux de 2019 et 2020.

Nous avons demandé une augmentation générale également pour les CoCa dans une logique de protection du pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés, répondant à l’inflation que la direction affirme prendre en compte, alors que ce n’est le cas que pour une catégorie. Rappelons que 4000 Collaborateurs et Cadres ont eu zéro d’augmentation en 2021. Nos revendications étaient très raisonnables, comparées au marché et aux résultats financiers.

En synthèse, la CFE-CGC ressort déçue de cette négociation annuelle obligatoire… Elle est obligatoire mais n’a de « négociation » que le titre : les 4 syndicats demandaient une AG pour tous et la direction s’est entêtée à la refuser pour les Coca. Où est la co-construction? Ce garde-fou était nécessaire dans une année particulière.

Synthèse des évolutions salariales proposées, hors rattrapage des médianes

La proposition finale de l’entreprise est donc de 3,75% pour les agents : cela ne résoudra pas la question de l’attractivité des salaires en production. Sur un salaire à 25 000€, cela représente 72€ bruts… Ce montant est insuffisant pour régler des fins de mois difficiles.

Pour les Collaborateurs, avec 3,1% au global et zéro d’augmentation générale, les salariés n’ont aucune garantie d’évolution, beaucoup resteront en-dessous du niveau de l’inflation.

Quant aux cadres, ils sont, pour la deuxième année consécutive, ceux qui subiront une perte sèche : pas d’augmentation générale, seulement 1,8% pour les augmentations individuelles de mai, le reste du budget étant dédié aux promotions. Ceux qui ont performé les années précédentes pourraient être pénalisés, de même que ceux qui stagnent dans un NRI depuis trop longtemps.

Combien de salariés Collaborateurs et Cadres auront encore zéro cette année ? Si vous êtes concernés, remontez vos situations auprès de vos élus CFE-CGC. Nous sommes à l’écoute pour remonter vos situations, vous conseiller et argumenter à vos côtés.

Nous mettons tout de même en perspective les avancées précédemment obtenues par la CFE-CGC dans l’accord Adapt et qui s’appliquent en 2022, apportant des progrès sur les benefits et la poursuite du rattrapage des médianes : nous avons obtenu un engagement à 100% sur les médianes P à J pour fin 2022, qui « ajoute » un budget, de 0,4% pour les Collaborateurs et 0,85% pour les Cadres, dédié à ces alignements sur le marché. Il se traduira par des augmentations, mais seulement pour les salariés décalés qui répondent aux critères fixés par la direction. La campagne aura lieu en octobre et l’entreprise indique que les managers y sont bien associés. Si vous pensez être éligible, la CFE-CGC vous invite à entamer la discussion avec votre manager.

Malgré nos arguments, nos alertes terrain, nos positions constructives revues en cours de négociation, la NAO 2022 n’a pas permis le passage des paroles aux actes en termes de co-construction.

L’équipe de négociation CFE-CGC, le 19 janvier 2022.

 

7 réponses à “NAO salaires : quelle co-construction ?”

  1. Enrico dit :

    Bonjour,
    NAO, c’est Négociation Annuelle Obligatoire. Ne nous leurrons pas, l’Entreprise démontre année après année, qu’elle ne cherche pas vraiment à « négocier » sur ces sujets qui sont selon elle « le fait du Prince ». Elle ne retient que le terme « Obligatoire ». C’est un mal nécessaire, comme dirait l’autre.

    En tant qu’Organisation représentative, pourriez-vous de votre côté vous renseigner sur la politique salariale Michelin dans d’autres pays d’Europe ? Car il me semble bien que nos patrons nous suggéraient fortement de renoncer à nos augmentations en 2020 par « solidarité » avec les autres pays…La « solidarité » nous a été imposée ensuite en 2021 avec 0 ; cela je peux le comprendre, sur les 2 années il y aurait donc eu une certaine équité entre pays.

    Il serait donc intéressant de vérifier si, maintenant que les choses vont mieux que bien pour le Groupe, la « solidarité » marche bien dans l’autre sens.

    Par ailleurs, je suis assez estomaqué par la hardiesse de Michelin France à se baser sur l’augmentation officielle de 2.8% en 2021 pour tenter de justifier sa proposition…Ne nous prendrait-on pas pour des couillons ? Le groupe ne passe pas des hausses de 2% en ce moment, c’est un peu, nettement plus…parce que les coûts réels ont augmenté nettement plus.

    Ah mais bien sûr, l’inflation qui touche tout le reste de l’Europe s’est arrêtée à la frontière française, tout comme le fameux nuage de Tchernobyl. Qu’on en juge :
    Source « le Monde » du 07 Janvier : « Zone euro : l’inflation atteint 5 % en décembre »
    Source « BFM TV » du 06 Janvier : « L’inflation en Allemagne a atteint en décembre 5,3% sur un an, au plus haut niveau depuis juin 1992 ». BFM, ce n’est pas un repère de dangereux gauchistes…

    Mais face à cela, la France, pays de Cocagne, serait miraculeusement épargnée. A l’heure d’internet, où chaque citoyen a accès à quasiment l’intégralité des mêmes flux d’informations, il devient plus difficile de nous enfumer.

    Bonne journée tout de même…

    • Laure TRINCAL dit :

      Bravo pour votre analyse pertinente et éclairée… et en effet, nous avons argumenté sur les « NAO » des pays voisins mais dans cette « négociation », les arguments sont souvent laconiques en face. J’adore votre analogie avec le nuage de Tchernobyl 🙂 je le constate comme vous dans mon quotidien : 2,8% c’est en moyennant le prix des lave-linges, TV… bref, tout un tas de biens que nous n’achetons que tous les 10 ans. L’énergie c’est +50% ,e le carburant + 30%, la nourriture +20% en 2 ans.

  2. Pierre dit :

    Une pétition s impose.

  3. Jean Rage dit :

    Première fois en 10ans dans l’entreprise que je suis déçu et en colère.
    Malgré un profil dit ‘evolutif’ et répondant aux attendus du poste, je suis payé à 86% de la médiane.
    Il est grand temps de regarder vers l’extérieur.
    #opentowork

  4. LL dit :

    Merci pour votre aide. Ne pas oublier de regarder comment cela se passe dans les autres grandes entreprises de France… j’y ai travaillé et je peux vous dire que je n’ai jamais été augmenté autant que chez Michelin.

  5. FL63 dit :

    Après 2 années où les employés ont donné énormément pour faire le job ( les résultats sont là !!!) dans des conditions plus que compliquées, la proposition de l’entreprise est une gifle donnée à ses salariés. Si on ajoute l’inflation même pas compensée ou alors seulement pour les plus décalés, il y a de quoi être déçu.

  6. Stoc63 dit :

    Malheureusement pas de bonne surprise, on commence a d’habituer a être déçu année après année. Il va falloir chercher la reconnaissance ailleurs que dans cette entreprise.

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